Médias et Télécoms : Vivendi place ses pions en Italie en attendant la décision de la commission européenne à la fin du mois

Médias et Télécoms : Vivendi place ses pions en Italie en attendant la décision de la commission européenne à la fin du mois

 

Vincent Bolloré et Arnaud de Puyfontaine – ERIC PIERMONT / AFP

Les temps sont durs pour Vivendi en Italie, mais le groupe français, même s’il apparaît plus prévoyant, compte bien réussir à prendre le contrôle de Telecom Italia en vu de créer un “Netflix européen” après avoir obtenu la majorité des votes in extremis pour l’élection du nouveau conseil de l’opérateur italien hier.

Majorité pour la liste Vivendi 

Au terme d’une assemblée générale des actionnaires de plus de 8h, Vivendi a obtenu de justesse la majorité pour sa liste : 49,37% contre 49% pour les fonds d’investissements, ce sont les abstentions et les votes contre qui ont fait pencher la balance en faveur de Vivendi sans toutefois lui permettre d’obtenir une majorité absolue. La totalité des 10 membres de la liste Vivendi sera donc bien présente dans le nouveau conseil de l’opérateur italien. Arnaud de Puyfontaine, actuel président du directoire de Vivendi en tête de liste et pressenti pour la présidence, Hervé Philippe, Directeur financier de Vivendi, Frédéric Crépin, Secrétaire général, Giuseppe Recchi, Président sortant de Telecom Italia, Flavio Cattaneo actuel Directeur général de Telecom Italia, ainsi que les indépendants Felicité Herzog, Franco Bernabè, Marella Moretti, Camilla Antonini et Anna Jones.

Affaire Mediaset

Mais la prudence est de mise désormais de l’autre côté des Alpes. Pour rappel la tentative de prise de contrôle et la nomination d’un français à la présidence du conseil sont vues d’un mauvais oeil. Sans compter les déboires avec la famille Berlusconi sur l’affaire Mediaset avec le rappel à l’ordre du gendarme italien des télécoms qui en se basant sur la loi Gasparri (jamais utilisée dans ce sens depuis sa création il y a 13 ans sous un gouvernement dirigé par Silvio Berlusconi lui-même) veut forcer Vivendi à choisir entre Telecom Italia ou Mediaset. Vivendi va sans doute limiter ses droits de vote sans pour autant réduire sa participation. Selon une source du Figaro une médiation entre Mediaset et Vivendi aurait débuté pour tenter de trouver un accord car avec cette solution Vivendi tomberait toujours sous le coup de la loi Gasparri, il pourrait alors accepter de verser une compensation financière pour pourvoir maintenir sa participation dans Mediaset capitale pour les ambitions du groupe français de se poser en leader européen dans la création et diffusion de contenus.

Gendarme italien de la bourse

Vivendi devra par ailleurs composer avec le gendarme italien de la bourse, Consob, dont il a reçu le 20 avril dernier une lettre lui intimant de “procéder à une réévaluation de ses positions” s’il “venait à détenir une majorité des droits de vote au conseil d’administration” comme le rapporte nos confrères du Monde qui ont pu consulter ce courrier.

Commission européenne

Enfin la Commission européenne doit se prononcer sur la prise de contrôle, la décision qui devait arriver le 12 mai prochain a été repoussé à la fin du mois pour permettre d’étudier très attentivement le cas. Dans un communiqué Telecom italia confirme aujourd’hui le renouvellement du conseil, Recchi conserve la présidence, Arnaud de Puyfontaine la vice présidence et Flavio Cattaneo la direction générale. Les responsabilités et pouvoirs des deux premiers ont été confirmé, contrairement au vice président qui n’a que la fonction de suppléance prévue dans les Statuts. C’est donc la solution la plus prudente qui a été choisie : Recchi garde la place chaude à Arnaud de Puyfontaine pendant un mois, le temps que la commission européenne se prononce, il passera vraisemblablement ensuite le relais, dans un jeu de chaises musicales où les deux s’échangeront leurs postes.

La situation financière du groupe italien n’est par ailleurs pas si rose que le laissait entendre Cattaneo hier. En effet les résultats présentés sont bons, mais l’endettement reste bien supérieur à l’objectif de 2,7 fois l’excédent brut d’exploitation (Ebitda) à l’horizon 2018 (le groupe est actuellement endetté à hauteur de 3,9 fois). Prochaine étape après la prise de contrôle de Telecom Italia, gérer une concurrence aux abois sur le marché du mobile avec l’arrivée de Free mais également sur celui de la téléphonie fixe et de l’internet. Enel, l’EDF italien qui s’est lancé sur le marché des télécoms laisse courir des bruits de partenariat avec Free pour lui permettre de développer les offres quadruple play (internet, télévision, téléphonie fixe et mobile) encore marginales en Italie.

 

Cet article a été repris sur le site Univers FreeBox